Burkina Faso : le KORAG annonce des interpellations dans une vaste affaire de corruption impliquant des douaniers et des magistrats

Le Comité d’Orientation et de Suivi de la Révolution (KORAG) a publié, ce vendredi 7 novembre 2025, son communiqué n°03, révélant de nouveaux développements dans la lutte contre la corruption et les dérives au sein de l’administration publique et du système judiciaire burkinabè.

Selon le communiqué, une enquête menée par l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) a mis au jour des faits de corruption et de blanchiment de capitaux impliquant plusieurs agents des douanes. Ces derniers auraient exigé des paiements illégaux à des conducteurs routiers, en échange du passage de camions pourtant déjà dédouanés au bureau des douanes de Ouaga Inter.

 Des faits documentés et confirmés

L’enquête, ouverte en mai 2021 à la demande de l’ASCE-LC, a conduit à la découverte de sommes d’argent importantes dans les bureaux et domiciles des agents mis en cause.

Deux premiers douaniers, un inspecteur et un contrôleur ont été identifiés grâce à des images et vidéos les montrant en flagrant délit de corruption.

Onze autres agents ont ensuite été interpellés pour des faits similaires.

Douze témoins, dont des transitaires et transporteurs, ont confirmé avoir versé entre 100 000 et 150 000 F CFA sans quittance à ces agents, alors affectés à la Coordination nationale de lutte contre la fraude.

 Un dossier controversé au plan judiciaire

Malgré les preuves réunies, le dossier a connu un non-lieu en juillet 2024, décision contestée par le Procureur du Faso.

La Chambre d’instruction de la Cour d’appel, saisie en août 2025, a confirmé ce non-lieu, suscitant de vives interrogations sur la probité des magistrats concernés.

Le KORAG indique qu’à la suite de ces décisions, certains des mis en cause ont obtenu illégalement l’identité des dénonciateurs, en violation du principe de protection des témoins.

L’un des dénonciateurs aurait ensuite été poursuivi et condamné, après que le juge du dossier aurait été corrompu.

 Dix magistrats et un avocat mis en cause

Le communiqué mentionne l’interpellation et l’audition, en octobre 2025, de dix magistrats ont un président de chambre, un procureur général, un substitut général, un juge d’instruction et un juge au siège  ainsi qu’un avocat.

Ces derniers sont soupçonnés de corruption, d’abus d’influence et de partialité dans le traitement du dossier.

De l’importantes sommes d’argent auraient circulé dans le cadre de cette affaire.

Le KORAG promet des sanctions exemplaires

Le KORAG dénonce une « mascarade judiciaire » et assure qu’aucune tolérance ne sera accordée aux auteurs et complices d’actes de corruption, y compris au sein du système judiciaire. Il annonce la poursuite des enquêtes et l’application de sanctions disciplinaires et judiciaires contre les acteurs fautifs.

Le communiqué conclut par un appel à la vigilance et à la responsabilité citoyenne : « Engageons-nous à bâtir une société burkinabè digne, intègre, juste, prospère et souveraine. »

La rédaction