(Ouagadougou, 7 octobre 2025) – Le ministre de la Sécurité, le Commissaire divisionnaire de police Mahamadou Sana, a révélé ce lundi que l’organisation non gouvernementale International NGO Safety Organisation (INSO) se livrait à des activités d’espionnage sous couvert de missions humanitaires. L’annonce a été faite au cours d’une conférence de presse, au cours de laquelle le ministre a détaillé les faits reprochés à cette ONG présente au Burkina Faso depuis 2019.

Selon les explications du ministre Sana, INSO, qui avait obtenu son autorisation d’établissement pour former les ONG humanitaires en matière de sécurité, aurait progressivement dévié de son mandat initial pour s’adonner à des activités illégales. L’organisation aurait ainsi mis en place un vaste réseau de collecte d’informations sensibles liées aux opérations des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), aux institutions publiques ainsi qu’aux zones d’intervention des volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Ces informations concernaient, entre autres, les itinéraires des convois militaires, la composition des unités, les positions et mouvements des troupes, ainsi que les coordonnées GPS des accrochages sur le terrain.
Le ministre de la Sécurité a précisé que ces données stratégiques étaient systématiquement recensées et transmises à des intérêts étrangers, avec la complicité de certains Burkinabè recrutés par l’organisation. « INSO, sous le couvert d’activités humanitaires, a collecté et transmis des informations sécuritaires sensibles au profit d’acteurs extérieurs, compromettant ainsi la sécurité nationale », a déclaré Mahamadou Sana, soulignant la gravité des faits reprochés.

Malgré une suspension officielle prononcée le 31 juillet 2025 par arrêté n°2025-EE0241/MATM/SG/DGAT/DSOAP, l’ONG aurait continué à exercer clandestinement ses activités sur le territoire burkinabè. Les services de sécurité ont procédé à l’interpellation de sept personnes, dont la directrice adjointe, Mme Aminata Marianne Guisse, de nationalité franco-sénégalaise, le directeur des programmes basé à La Haye, M. Thomas Muzik, un ressortissant malien ainsi que quatre citoyens burkinabè.
Les premiers éléments de l’enquête indiquent que l’organisation aurait recruté d’anciens membres des FDS et mis en place des relais communautaires dans plusieurs régions sensibles telles que le Gourma, la Tapoa, le Soum, le Liptako et le Sourou. Ces relais étaient chargés de transmettre des informations en contrepartie de compensations financières, contribuant ainsi à alimenter un réseau d’espionnage bien structuré.
Les personnes interpellées seront présentées au Procureur du Faso pour répondre des faits d’espionnage et de trahison, conformément à l’article 311-4 du Code pénal burkinabè. Le ministre a assuré que toute la lumière sera faite sur cette affaire et que les investigations se poursuivent afin de déterminer l’ampleur des activités menées et d’identifier d’éventuelles complicités locales ou étrangères.
Mahamadou Sana a également salué la vigilance des citoyens ayant contribué à mettre au jour ce réseau, tout en lançant un appel à la responsabilité et au respect strict des lois en vigueur. Il a exhorté les ONG opérant au Burkina Faso à se conformer pleinement à leurs mandats et à éviter toute ingérence dans les affaires de sécurité nationale. « Tout comportement tendant à espionner ou à compromettre les intérêts du Burkina Faso sera réprimé avec la dernière énergie », a-t-il averti.
Le gouvernement assure que les investigations se poursuivent et que des mesures fermes seront prises contre toute organisation dont les activités mettraient en péril la souveraineté et la sécurité du pays.
Inocent Ilboudo
Laisser une réponse