« Le privé a toujours sa place, mais il y a des domaines qui doivent revenir à l’État (...) » Capitaine Ibrahim Traoré

Capitaine Ibrahim Traoré : « L’État doit être fort pour construire le développement »

Ouagadougou, septembre 2025 – Invité à s’exprimer sur l’économie et le développement du Burkina Faso, le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a détaillé la vision de son gouvernement pour maintenir la croissance, renforcer l’État et répondre aux attentes sociales.

« Le privé a toujours sa
place, mais il y a des
domaines qui doivent
revenir à l’État (…) » Capitaine Ibrahim Traoré

Une économie soutenue par la sécurité et la production

Selon le chef de l’État, les efforts sécuritaires commencent à produire des effets sur l’économie nationale. La reprise des activités agricoles dans des zones sécurisées a permis une augmentation significative de la production.

« Cela contribue non seulement à alimenter les petites unités de transformation, mais aussi à dégager des excédents exportés, ce qui améliore la balance commerciale », a-t-il expliqué.

Parallèlement, plusieurs sites miniers, autrefois à l’arrêt, ont repris leurs activités. Une dynamique que le gouvernement entend consolider. « La tendance est d’exploiter notre or nous-mêmes », a insisté le président.

Pas de baisse du prix du carburant

Interrogé sur une éventuelle réduction du prix du carburant pour soulager les ménages, le capitaine Traoré a écarté cette option. Pour lui, les priorités se situent ailleurs.

« Nous avons un besoin important d’investissements dans les infrastructures routières. Et la SONABHY doit beaucoup participer. Si on baisse, le rythme va baisser. Nous voulons aller vite », a-t-il affirmé, assumant le maintien des prix actuels.

L’État, moteur du développement

Face aux interrogations sur le rôle croissant de l’État dans l’économie, le président a tenu à clarifier sa position :

« Le privé a toujours sa place, mais il y a des domaines qui doivent revenir à l’État. Si on laisse tout aux mains du privé, il n’y aura pas de pays. L’État doit être responsable et prendre ses responsabilités », a-t-il martelé.

Pour le chef de l’État, un pays fort repose sur un État fort. « Si l’État n’est pas fort, vous n’avez pas de pays », a-t-il ajouté.

Vers une nouvelle réflexion économique

Le capitaine Traoré a enfin appelé à repenser le modèle économique du Burkina Faso, estimant que le pays accuse un retard considérable.

« Nous avons près de 1 000 ans de retard. Il faut rattraper ce retard. On ne peut pas continuer avec cette mentalité », a-t-il averti.

Il a invité les acteurs économiques à plus de patriotisme : « Ne laissez pas sortir inutilement les devises. Cherchez votre intérêt, même petit, mais permettez aussi aux autres Burkinabè de vivre et de ne pas s’appauvrir. »

Valoriser le rôle des femmes dans l’économie

Le président a également insisté sur l’importance de soutenir les femmes dans leurs activités génératrices de revenus.

« Les femmes ont des qualités. Elles transforment à petite échelle nos produits de consommation et elles le font très bien. Il faut les encourager », a-t-il affirmé.

Il a cité l’exemple de Tenkodogo, où il a constaté la production locale de couscous et de savons liquides. « J’ai donné des instructions pour que nos administrations achètent le savon produit par ces femmes. Ce n’est pas normal que nous importions tout, même du savon, alors que nos mamans en fabriquent ici. »

Pour le capitaine Traoré, il est urgent d’accepter les réalités locales et de consommer ce qui est produit au Burkina. « Même si l’emballage n’est pas parfait au début, nous devons utiliser nos propres produits. Pourquoi vouloir le luxe ? Consommons local et nous allons évoluer au fur et à mesure », a-t-il lancé, appelant à un changement de mentalité.

Selon lui, cette démarche doit s’élargir à plusieurs secteurs afin de permettre aux femmes de mettre en valeur leurs savoir-faire et de mieux contribuer à l’économie nationale.

La rédaction