La trêve internationale de septembre aura offert deux visages contrastés des Étalons du Burkina Faso. Large vainqueurs de Djibouti (0-6) à Bissau, ils n’ont pas su forcer la décision face à l’Égypte (0-0), mardi 9 septembre, à l’occasion de leur premier match disputé au stade du 4-Août depuis sa réouverture officielle le 4 août dernier. Entre euphorie offensive et frustrations, les hommes de Brama Traoré laissent encore planer le doute sur leur capacité à décrocher une première qualification historique à la Coupe du monde.
Djibouti balayé, sans véritable enseignement
Face aux Requins de Djibouti, lanterne rouge du groupe A, réduits à dix dès la première période (10’), les protégés de Brama Traoré ont facilement déroulé dans ce match comptant pour la 7ᵉ journée. Un doublé d’Edmond Tapsoba, un doublé de Dango Ouattara et un premier but de Cyriaque Irié en match officiel avec l’équipe nationale. Josué Tiendrebeogo, buteur au match aller, s’est une nouvelle fois illustré. Un festival offensif, mais sans réelle valeur test.
« C’est difficile de tirer des enseignements d’un tel match, l’adversaire, sans minimiser l’équipe de Djibouti, n’est pas au niveau de nos Etalons actuellement », nuance Nafongo TRAORE, journaliste à Foot Africa. Le carton rouge a encore plus facilité la tâche et « on a déroulé » mais le vrai révélateur, c’était l’Égypte
Un nul frustrant face à l’Égypte
Devant plus de 30 000 spectateurs en fusion, les Étalons avaient pourtant tout pour briller face au leader du groupe. « Le stade du 4-Août était incandescent, le public a joué son rôle de 12ᵉ homme. Chaque geste, chaque accélération des Étalons était accompagné d’une clameur. À ce niveau, toutes les conditions étaient réunies », raconte Nafongo Traoré.
Mais les Burkinabè ont buté sur une défense égyptienne solide. Avec la sortie sur blessure d’Omar Marmoush dès la 9ᵉ minute, « l’Égypte a changé d’objectif. Ils voulaient le nul. Ils ont défendu, et nous n’avons pas su profiter de la situation », regrette le journaliste à Foot Africa .
Pire encore, les Étalons n’ont pas réussi à cadrer le moindre tir sur l’ensemble du match.

Des manques criants au milieu et en attaque
Pour Nafongo Traoré, le problème principal est au milieu : « Le milieu de terrain a été dominé. On n’a pas de joueur créatif capable de casser les lignes. Tout passait par de longs ballons, de Tapsoba ou Koffi, vers Dango Ouattara, Bertrand Traoré ou Cyriaque Irié. C’est trop prévisible. »
L’attaque n’a pas rassuré non plus. « Dango a sûrement été submergé par l’événement, ce n’était pas son jour. On le comprend : jouer pour la première fois au stade du 4-Août avec une telle ambiance, ce n’est pas facile. Mais il a été en difficulté », observe-t-il.
Quant à Bertrand Traoré, le capitaine, son retour manquait de rythme : « Il n’a pas joué contre Djibouti et n’avait pas enchaîné avec son ancien club Ajax Amsterdam. Le coach aurait dû lui donner au moins 20 minutes contre Djibouti pour le mettre en jambes. Là, il a été lancé pour tout le match face à l’Égypte, et ça s’est senti. »
Nafongo Traoré n’élude pas les choix de Brama Traoré : « Mohamed Konaté aurait été utile plus tôt. Le faire entrer à 5 minute de la fin du match, c’était trop tard. Il y a eu des erreurs de gestion. »
Des ajustements urgents
Si la défense a tenu, elle n’est pas exempte de critiques. Issa Kaboré a encore brillé à droite, mais le côté gauche reste problématique. « Steeve Yago est irréprochable défensivement, mais il n’apporte pas grand-chose offensivement, car ce n’est pas son poste naturel. Il est temps de tester des jeunes comme Mohamed Ouédraogo ou Rachid Ayindé, qui, d’ailleurs, a assuré face à Djibouti », recommande le journaliste.
Un avenir encore jouable, mais compromis
Avec ce nul, les Étalons laissent filer des points précieux. L’Égypte conforte sa première place du groupe A, tandis que le Burkina Faso devra espérer décrocher une place de meilleur deuxième pour voir les barrages.
- «
- Si on gagnait ce match, on aurait gardé toutes nos chances. Là, on compromet un peu notre destin. Mais il reste une possibilité via le classement des meilleurs deuxièmes. C’est serré, très serré, mais pas impossible
- », insiste Nafongo Traoré. Et d’ajouter : « Avec l’effectif qu’on a, on peut encore rêver. Mais il faut vite corriger le problème du milieu de terrain, trouver plus de créativité et mieux gérer nos attaquants. »
Entre ambitions légitimes et manques criants, les Étalons restent en quête d’équilibre. Leur rêve mondialiste est encore vivant, mais il passera par des ajustements rapides et une efficacité retrouvée.
Eugène KAM
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