Bobo-Dioulasso, 9 août 2025 – Café, cacao, ananas, banane plantain, avocatier… Des cultures longtemps jugées inadaptées au climat burkinabè sont désormais multipliées à grande échelle au Centre de multiplication des cultures spécifiques de Bobo-Dioulasso.

Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’Initiative Présidentielle pour la Production Agricole et l’Autosuffisance Alimentaire (IP-P3A), en partenariat avec la société privée Nafaso Neema Agricole du Faso. L’objectif : développer des filières agricoles jusque-là considérées comme “impossibles” à produire localement.
Sur le site, des centaines de plants de cacao, de café, d’avocat, de cola et de petit cola. On y trouve également une plantation de banane plantain, ainsi qu’une nouvelle variété de manioc en cours d’expérimentation, destinée à diversifier encore davantage la production.
Selon Inoussa Ouedraogo, coordonnateur technique de l’IP-P3A, il s’agit d’un projet qui vise à démontrer le potentiel réel de ces cultures au Burkina Faso :
« Nous voulons montrer que ces cultures peuvent non seulement pousser ici, mais aussi prospérer. »

Les données sont significatives : 103 000 avocatiers déjà multipliés, 81 000 rejets de bananes plantain dont 70 000 maintenus dans la région du Guiriko, et un objectif de 400 000 plants d’ici fin 2025. En parallèle, 1 million de plants d’ananas sont prévus, dont 133 000 déjà mis en terre. Des techniques comme le greffage permettent de réduire les cycles de production : les premiers avocats devraient être récoltés en deux ans au lieu de trois ou quatre.

Pour M. Ouedraogo, l’initiative brise des préjugés :
« On nous disait que certaines cultures ne réussiraient pas ici, mais sans avoir réellement essayé. L’ananas, par exemple, demande moins d’eau que l’oignon et se cultive déjà dans plusieurs zones du Burkina, y compris de Ouagadougou où il y a près de 11 hectares. »
Le choix des zones de production repose sur des critères agroclimatiques précis. Souleymane Savadogo, technicien de Nafaso, explique :
« Nous avons retenu Orodaga, Banfora, Léo et le Boucle du Mouhoun, car ces zones offrent les conditions idéales pour ces cultures. »

Cette stratégie, associée à une multiplication intensive des plants, ouvre de nouvelles perspectives pour l’agriculture burkinabè. L’ambition affichée est claire : voir, dans un avenir proche, du café burkinabè et du chocolat produit localement sur les marchés, et renforcer la consommation de fruits issus du terroir national.
Eugène KAM
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